Etude sur les Facteurs de Vulnérabilité des Jeunes dans la région de Tahoua

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Etude sur les Facteurs de Vulnérabilité des Jeunes dans la région de Tahoua

8 décembre 2015

Cette étude a été commanditée par le Programme des Nations Unies pour le Développement en vue de réaliser une analyse diagnostique de la situation des jeunes dans la région de Tahoua en général et celle des jeunes retournés dans les départements de Tchintabaraden et Tassara en particulier.   

Pour y parvenir, nous nous sommes basés sur la littérature existante sur les questions de vulnérabilité des jeunes, les données du recensement général de la population et de l’habitat de 2001 et de ces différentes structures et évolutions, des données du rapport provisoire du recensement général de la population de 2012 ; les différentes enquêtes démographiques de santé, de scolarisation, les sources d’informations sur les jeunes au Niger et dans le monde en général et les données issues de certaines institutions de l’Etat et des partenaires techniques et financiers.  

 Il y a eu également une étude de terrain à travers une enquête auprès des jeunes âgés de 15 à 35 ans, des focus groupes auprès des jeunes de la même tranche d’âge et d’autres structures, des autorités administratives et coutumières, des parents et des autres acteurs sociaux.  A défaut de mener l’étude sur un effectif considérable, et compte tenu des moyens limités, un échantillon de trois cent quatre vingt deux (382) jeunes a été choisi à Tchintabaraden et Tassara selon des critères de représentativité numérique et qualitative. Ce qui a permis de déterminer des indices sur les problèmes que vivent les jeunes dans cette zone. Les informations qualitatives obtenues à partir des groupes de discussion nous ont permis de mieux appréhender la vulnérabilité  des jeunes de la région. Les  jeunes constituent l’une des couches les plus vulnérables de la société et en même temps ils constituent l’espoir d’une nation.   

D’après les résultats de nos travaux, les problèmes de la jeunesse sont multiples. Ils se manifestent dans un contexte marqué par la dégradation du potentiel productif, l’augmentation des besoins liée à la croissance démographique, la persistance de la pauvreté et l’insécurité alimentaire, les problèmes en matière de santé de la reproduction, le manque d’emplois, la non scolarisation et le manque de formation, la discrimination à l’égard des femmes, etc. Ces difficultés sont aussi liées à un contexte international caractérisé par les problèmes économiques persistants et les crises politiques et sécuritaires de certains pays voisins du Niger dont les plus récentes sont enregistrées en Lybie, au Mali, au Nigéria, etc. Ces différents éléments contextuels ont contribué à l’aggravation de la situation dans laquelle vivent les jeunes tant en milieu rural qu’en milieu urbain.  

En matière de pauvreté monétaire, beaucoup de jeunes (79,84%) nous ont affirmé ne pas avoir un revenu particulier et 13,09% dont 11,01% de filles et 13,92% de garçons ont déclaré ne pas subvenir à leurs besoins élémentaires.  

En matière d’emploi, seulement 9,16% de garçons et 9,96% de filles ont reconnu avoir une occupation contre 32,72% de garçons et 5,24% qui ont déclaré être au chômage sans aucune activité. Les autres sont des scolaires (8,90%), ceux qui sont à la recherche de leur premier emploi (20,02) et les inactifs (9,42%).  

Sur le plan scolaire, seulement 31,41% des enquêtés fréquentent l’école contre 68,59%. Cela peut être compris du fait que beaucoup d’entre eux ont dépassé l’âge du niveau secondaire. Mais, il faut tout de même noter que c’est seulement 35,16% de garçons et 21,10 de filles qui ont fréquenté l’école tous niveaux confondus contre respectivement 64,84% de garçons et 78,90% de filles qui n’ont jamais été à l’école. Cela montre encore une fois plus les difficultés que rencontrent les filles sur le plan scolaire.  

En matière de santé, il faut noter le manque de personnel et de médicaments de premiers soins dans les centres de santé. Il y a aussi les longues distances qui sont parcourues généralement par certains patients surtout les femmes pour les soins. Il y a enfin le manque d’informations sur la santé reproductive, les maladies sexuellement transmissibles et le VIH SIDA et les complications de grossesse. Seulement 25,64% de garçons et 20,18% de filles ont une idée des lieux où l’on peut se procurer des préservatifs et 69,74% et 30,26% respectivement de garçons et de filles interrogés ont entendu parler des IST/VIH/SIDA. Cet état de fait montre une fois de plus que beaucoup reste à faire en matière d’informations et de sensibilisations surtout des filles en matière de santé de la reproduction  

En ce qui concerne les violences sur les femmes et les enfants, elles sont toujours récurrentes surtout en milieu rural. Là aussi, il n’y a pas assez d’informations sur les voies et moyens à suivre par les femmes pour y mettre fin. La religion et la coutume sont accusées à tort ou à raison comme responsables de ces violences.  

Dans tous les débats, le problème le plus crucial soulevé par les jeunes et l’ensemble de la population est le manque d’eau et surtout le statut de la zone déclarée « zone pastorale » depuis 1961 limitant ainsi l’agriculture qui constitue une des importantes mamelles de l’économie de la région.  

Les jeunes retournés de la Libye comme ceux vivant dans la zone sont en grande partie vulnérables et des solutions doivent être apportés aux problèmes qu’ils vivent de façon urgente afin de prévenir les risques que cette vulnérabilité peut entrainer.  

L’analyse des données de cette étude a permis d’identifier les points forts, les points faibles et les principaux enseignements qui peuvent être tirés. Elle a aussi permis de faire des recommandations en vue d’adopter des stratégies de réduction de la vulnérabilité des jeunes pour un développement durable de la région de Tahoua en général et des départements de Tchintabaraden et Tassara en particulier.   

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