Analyse des facteurs de conflits au Niger

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Analyse des facteurs de conflits au Niger

8 décembre 2015

Le Niger est caractérisé par une multiplicité de facteurs de risques de conflits qui compromettent ses efforts de développement. Une analyse des facteurs de risques a été réalisée en 2007 qu’il est apparu nécessaire de réactualiser en se focalisant sur les dynamiques des conflits compte tenu des nouveaux enjeux sécuritaires. L’objectif principal de cette étude est d’identifier et d’analyser les causes profondes, immédiates et manifestations des conflits au Niger et d’en dégager les principales dynamiques. Elle intervient dans un contexte national caractérisé au plan sécuritaire par une aggravation des préoccupations y afférentes du fait du développement des trafics illicites particulièrement dans la région d’Agadez. Ce contexte sécuritaire délétère subit un autre choc résultant de la récurrence des tensions politiques. Il a été en outre, fortement aggravé par les conséquences des crises sociopolitiques survenues en Lybie, en Côte d’Ivoire et au Mali ainsi que la montée en puissance de la secte Boko Haram au Nigéria. En vue de prendre en charge la question sécuritaire sur le long terme, le Gouvernement a élaboré en 2011 une Stratégie de Développement et de Sécurité dans les zones Sahélo-sahariennes du Niger. Au plan ouest africain, la problématique sécuritaire est devenue un enjeu majeur dans une sous-région particulièrement agitée et en proie à la violence. Le présent rapport s’appuie largement sur les entretiens réalisés sur le terrain ainsi que sur la riche documentation exploitée. Il est ressorti de son contenu que les principaux types de conflits rencontrés au Niger se présentent comme suit :  

Conflits d’accès aux ressources naturelles (foncières et pastorales) : À l’échelle de l’ensemble du pays, une sorte de consensus semble s’établir autour de la prépondérance de ce type de conflits. La pression sur lesdites ressources conduites de plus en plus à leur amenuisement d’autant plus que celles-ci sont de type soustractif. En outre, en  lieu et place de la complémentarité qui régissait jadis les activités d’exploitation des différentes ressources naturelles, s’instaure une véritable compétition entre les diverses catégories d’opérateurs ruraux sous les effets conjugués de la pression démographique, des sécheresses successives et des transformations économiques. Une situation où prédominent les rapports de force semble s’installer progressivement en milieu rural faute de fonctionnalités satisfaisantes des institutions et outils mis en place. Il y a à tous les niveaux, une insuffisante compréhension de leurs rôles par les acteurs concernés ainsi qu’une faible appropriation par eux des cadres stratégiques mis en place. Cet état de fait est aggravé par le déficit de dialogue et la méfiance qui caractérisent les rapports entre les acteurs en présence, le manque de cohérence  qui caractérise les textes existants dont certains sont dépassés, le non respect et la non application des textes ainsi que la faiblesse de la documentation sur les outils mis en place parfois depuis plusieurs décennies. Les enjeux qui s’organisent autour du contrôle des ressources naturelles dépassent le strict cadre rural pour attiser les antagonismes entre zones rurales et zones urbaines.  

Conflits d’accès aux ressources publiques (les industries extractives et la dépense publique) : S’agissant des industries extractives, leur gouvernance est une source potentielle de conflits liés à la redistribution des revenus provenant des activités s’y rapportant. Il est en effet nécessaire que les populations sur le terroir desquelles se déroulent des activités minières ou pétrolières, en sentent l’impact. Au-delà de la rétrocession des 15% des revenus aux collectivités territoriales, doivent s’ajouter d’autres types de transferts des compagnies minières ou pétrolières vers les populations des zones d’exploitation. En effet, les contrats d’exploitation doivent avoir un « contenu local » qui comporte deux volets à savoir l’emploi local et l’achat local. Globalement le « contenu local » n’est pas respecté si bien que les populations des zones d’exploitation minière ou pétrolière tirent insuffisamment profit desdites activités en termes d’emploi ou d’opportunités d’affaires. Les frustrations qui se développent chez ces populations font d’elles des potentiels fauteurs de troubles y compris des actes de sabotage sur les installations. En ce qui concerne la dépense publique, l’organisation administration du Niger consacre un certain macrocéphalisme lequel consiste dans la concentration de l’essentiel des moyens (humains, matériels et financiers) au niveau central au détriment des autres niveaux de l’organisation administrative à savoir les régions, les départements et les communes. Les frustrations qui en résultent se traduisent par des ressentiments qui nuisent au sentiment national.   

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